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1. Joris Creuze, Calcifer, 2023 

2. Joris Creuze, À vomir, 2023

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SennelierAnselme02-DSC_0430-Credit-Thomas-Moesl.jpg

Pôle position, à l'invitation du réseau SeizeMille en Région Bourgogne Franche-Comté

JORIS CREUZE

 

Joris Creuze opère des greffes. Il transfigure des objets banals en créatures. Ses chimères traversent les strates historiques. Souvent, il réunit deux entités, deux histoires, deux matériaux, pour créer un motif fantastique. Les éléments dialoguent et rebondissent, des familles d'œuvres se constituent. Chaque série s'étend, les échelles varient, des maquettes apparaissent pour devenir des sculptures-fauteuils ornées de pattes de grenouille en céramique. Les pieds de table remplacent les socles, la narration nous mène vers les gargouilles grimaçantes. Diplômé en 2022 de l'ENSA Dijon, Joris Creuze puise dans l'architecture qui l’entoure. Il ne se lasse pas de contempler la façade de Notre-Dame à Dijon et pratique le modelage avec délectation : il invente des personnages, façonne l'acier et la céramique, travaille les pleins, les creux, les effets de soustraction. L’acier est le squelette de la sculpture. La céramique l’enveloppe et devient sa peau. Cette dualité déploie des face-à-face, des vis-à-vis. D'autres matières apparaissent, comme la cire, le tissu ou la pâte fimo. L'artiste est sans cesse habité par des mises en scène, des conversations possibles entre ses sculptures et l’espace d’exposition, où la lumière tient une place centrale. Nombre de scenarii sont en attente, prêts à émerger. Aussi grotesques qu’inquiétants, les êtres fabuleux demeurent attachants : ils transmettent une forme d’humanité propre aux monstres. La littérature et le cinéma fantastiques imprègnent Joris Creuze dès l’enfance. Ici, le gisant d'une abbaye est soudain affublé d'un masque (Masque cornu, 2023). Là, en créant un barbecue (Calcifer, 2023), l'artiste assouvit son obsession du feu, puissance de transformation concrète des matériaux et des aliments. La sculpture s’anime, sa bouche en grès émaillé exulte et exhale la flamme. On s’installe autour pour partager un repas. Ailleurs, séparés par une table, deux têtes émergent sous une louve (Entre chien et loup, 2024). Les louveteaux ne peuvent rejoindre leur mère : on accède à l'endroit et l’envers du récit, qu'on inverse à notre guise par le biais de l’imaginaire. 

Élise Girardot, août 2024

ANSELME SENNELIER​

À partir de matériaux issus de l'industrie, Anselme Sennelier décortique les gestes pour forger un résultat inédit. Il burine, ponce, fait choir le ciment du mur, gratte encore. Il détruit pour refaire. Un jour, il fait  descendre un plafond pour guider notre regard vers le bas. L’autre, il opère une saignée dans le sol. Ailleurs, une tôle de métal est fixée à quelques centimètres du mur. À l’arrière, l’artiste projette du métal en fusion et recueille les débris de cette action. Il crée des tensions à l'aide de tissus torsadés autour d'un bâton et cherche sans cesse à atteindre la limite de la brique, du bois, du placo, de l’acier, du marbre ou du granit. La cassure n'est jamais loin et suscite une certaine jouissance technique. Anselme Sennelier observe comment les matériaux réagissent à une puissance de traction générée par des cordons de fusion. À chaque phase de soudure, il ignore ce qui peut advenir : il va un peu plus loin, remplit le biseau, ajoute de la tension mécanique. Sur un même principe transposé au médium vidéo, il épuise l’image envahie par les flous de poussière. L’écran change de couleur, les copeaux de bois saturent la vision à contre-jour et en surexposition. Quand il conçoit un cercle d'argile, il ajuste la finesse de la fixation, la forme, la méthode, sans avoir auparavant manié cette matière. La terre se maintient grâce à un grillage, les craquelures apparaissent (Fall, 2022). Les pierres courbées (TIGSSS n°1, 2023), étrangement rigides et souples, nous livrent d’autres formes contraintes, perforées, enserrées par l’action de la tige filetée. L'outil est rarement visible, à l’exception d’une carotteuse (18,3 Km, 2022). Fabriquer des machines reste un moyen, non une finalité. Au dépôt d'un tailleur de pierre ou chez d'anciens collègues ouvriers, il récolte ses matières premières : il revient à l’industrie pour puiser ses ressources. 450 N.M (2022) est un panorama de matériaux, une composition abstraite et figurative, un lexique de la découpe et de la matière : la compilation des vies laborieuses de l’artiste. 

Élise Girardot, août 2024

1. Anselme Sennelier, TIGSSS n°1, 2023 

2. Anselme Sennelier, Fall, 2022

3. Anselme Sennelier, 450 N.m, 2022

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