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Mali Arun
Collection Frac Alsace
[NOTICE ŒUVRE]

Sténopé
2019
Vidéo, muet, 5 min.



Autrice et réalisatrice diplômée des Beaux-Arts de Paris, de Tianjin (Chine) et de Bruxelles (La Cambre), Mali Arun a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2023-2024. Ses recherches naviguent de la fiction au cinéma documentaire et placent souvent le corps au cœur des images. Elle s’intéresse aux personnes exilées, aux zones de frontières, en marge ou en conflit et explore souvent des situations en lien à des croyances ou à des rituels. Mali Arun présente ses films dans de nombreux festivals de cinéma, dont ceux de Clermont-Ferrand, Cabourg, St. Pétersbourg, Pantin, Aix-en Provence, Nyon. Au Salon de Montrouge en 2018, elle est lauréate du Grand Prix du Jury. En 2019, ses travaux sont présentés au Palais de Tokyo et au FOAM Museum 3H à Amsterdam. Elle expose en France et à l’international, au Centre Phi, Montréal, au CEAAC et au MAMCS, Strasbourg, à l’Abbaye de Maubuisson, à la Fondation EDF / Le Credac, à L’art dans les chapelles / Pays de Pontivy. En 2022, à la Biennale de Lyon, elle présente Wunderwelten au musée de Fourvière. Son travail fait partie de plusieurs collections publiques (CNAP, MAMCS, Artothèque d’Angers, FRAC Champagne-Ardenne). Selon Coralie Camilli, docteure en philosophie : «  Filmée sans détours et avec force, la question de la frontière est donc chez Mali Arun profondément polysémique : elle permet d’aborder la question de la limite, de la délimitation et de l’auto-limitation, de la violence et du mouvement, du lieu habitable et de la zone habitée, de la découverte de l’autre et de la revenance, au sens derridien du terme. La violence ici s’étalonne elle-même sur plusieurs niveaux : physique, mentale, sentimentale, sociale et symbolique. »

Stenopé est un film court, muet, d’apparence abstraite. L’image débute comme une respiration : le mouvement est léger et quasi imperceptible. On discerne des membres, un bras, une épaule. Les jeux d’ombre rappellent une peinture et peu à peu, une étreinte se dévoile. L’image est réalisée à partir d’un procédé artisanal : la scène a été produite à l’aide d’un sténopé fabriqué par l’artiste avec du papier aluminium accroché directement sur l’optique de la caméra, sans passer par l’intermédiaire d’un objectif. La mise à distance qui en découle révèle  une image pudique : elle suggère l’acte sexuel plutôt que de le montrer. Les deux corps enlacés produisent une succession de flous, comme si nous étions invités à regarder discrètement leurs ébats, sans les déranger. Puis, les parties du corps semblent se démultiplier, avec une superposition de mouvements qui s’enchaînent et suscitent une sensation d’accélération. On perçoit à la fois le détail d’une main, tout en regardant un ensemble abstrait, comme un kaléidoscope de peaux. Pour Mali Arun : «  Il s’agit là simplement d’un travail sur la matière, la lumière et le mouvement. Un regard sur le corps, le désir et la dimension purement physique de deux corps qui crée une unité. Je travaille ici l’outil de la vidéo comme une esquisse au fusain ou à la craie. ». L’artiste aborde la frontière par d’autres biais : sa vidéo déplie succinctement une frontière floue, celle de deux corps qui n’en forment plus qu’un. Entre notre regard voyeur et l’image proposée, la lisière reste à jamais énigmatique et ouverte à notre intime subjectivité.

Élise Girardot, octobre 2024

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