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Josèfa Ntjam
Collection Frac Alsace

[NOTICE ŒUVRE]

Articles Indéfinis (Sous la mangrove), 2019
Photographie.
Collage numérique, impression sur soie,
267 x 166 cm


Josèfa Ntjam est diplômée de l’ENSA Bourges et de l’ENSAPC Paris-Cergy. Sa démarche se nourrit de champs multiples comme la biologie, le rap, le théâtre, la poésie et la science-fiction. Elle pratique la musique avant d’intégrer les Beaux-Arts et use du son, du rythme et de la voix aujourd’hui encore, à l’instar de son attachement à Sun Ra, compositeur et pianiste de jazz américain. Membre du collectif Black(s) to the future, Josèfa Ntjam se réfère à l’afro-futurisme, courant de pensée poétique et politique en constante redéfinition depuis son apparition à la fin du XXe siècle sous la plume de l’universitaire américain Mark Dery qui décrypte l’avènement de la diaspora africaine américaine par le prisme de l’évolution technologique. Pour l’artiste : «  L’afro-futurisme, c’est le collage, le sample et l’augmentation. On peut parler de créolisation, cela relève de l’hybridation ». Depuis 2016, les œuvres de Josèfa Ntjam sont présentées dans plusieurs institutions comme le Palais de Tokyo, le Frac Nouvelle-Aquitaine Méca, la Fondation d’entreprise Ricard. De la culture populaire à la théorie critique, elle déploie un large panorama de pratiques alliant dessin, installation, vidéo et performance. Ses procédés de montage permettent de créer de nouveaux récits alter-futuristes : « Dans mon travail, je cherche toujours à déconstruire l’architecture et les paysages pour en faire autre chose. C’est une manière pour moi de créer des mondes alternatifs. ». Accumulant strates historiques et iconographiques, la pratique de Josèfa Ntjam détourne les symboles et les systèmes de représentation. Elle cite souvent l’anthropologue et égyptologue Cheik Anta Diop qui revendiquait l’origine subsaharienne de la civilisation égyptienne. L’artiste se ré-approprie les concepts de territoire et d’identité en associant les nouvelles technologies aux références ancestrales. Elle n’a de cesse de mettre en perspective les constructions historiques et d’interroger leurs influences sur nos imaginaires.

Articles Indéfinis (Sous la mangrove) est une impression sur soie conçue à partir de photographies et collages numériques colorés. L’œuvre appartient à un ensemble protéiforme composé d’impressions sur tissu et de volumes créés à l’occasion d’une exposition à la Mostra de Givors dans le cadre de Veduta (15e Biennale de Lyon, 2019). L'artiste mixe les références en les superposant : la soie accueille un photomontage qui évoque tour à tour la statuaire d’Afrique Centrale, d’Afrique de l’Ouest et d’Égypte Antique. Plusieurs objets hybrides et incongrus sont agencés sur un même plan, tel le buste de Nefertiti coiffé d’antennes captant les ondes satellites. Ici, un cadre du XVIIIe siècle dialogue avec des colonnes antiques. Là, une planète semble déborder, prête à recouvrir l’ensemble. Les ventouses d’un poulpe surgissent des flots et s’approchent d’un paysage horizontal rappelant l’iconographie coloniale des papiers peints panoramiques. Aux antipodes d’une hiérarchie ou d’un jeu d’échelles, les éléments disparates se juxtaposent et re-créent un ensemble onirique. La recherche de Josèfa Ntjam est étroitement liée à l’usage et à l’esthétique des Internets et à la manière dont l’art s’en empare pour bâtir des narrations singulières et utopiques. Ces mythologies futuristes sont investies par une jeune génération d’artistes ayant grandi avec le numérique.

Élise Girardot, sept. 2021

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