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Nicole Tran Ba Vang. « J’étais encore incapable de voir les êtres de cette planète comme ils se voient eux-mêmes. Je m’y efforçais, mais sans réussir à autre chose qu’à voir en chaque habitant d’abord un homme, ensuite une femme, également gêné de le ranger artificiellement dans l’une ou l’autre de ces catégories, si étrangères à sa nature et si essentielles à la mienne ». 
Ursula K. Le Guin, La main gauche de la nuit, 2018. 
Collodion humide, photographie sur verre, 20,5 x 25,5 cm.

Chronique d’un corps en voyage #14

Berlin > La Louvière

18.10.2018

Une petite image est posée dans la vitrine, entre le mot  " indocilité " écrit en fils de cuivre par l’artiste Myriam Mihindou et un portrait d’Edi Dubien, peint sur un os trouvé dans la nature près de chez lui.

La photographie sur verre repose sur son socle rouge. Elle dévoile une figure étrange, méconnaissable. Une silhouette nous tourne le dos. Est-ce une femme, un homme, un animal, un personnage imaginaire ? Quelles sont ces excroissances qui parsèment son corps, laissant apparaître des grosseurs sous le vêtement, le long du dos, du bassin et des fesses ?

Le procédé photographique nous interroge sur la temporalité de l’œuvre de Nicole Tran Ba Vang. Cette image pourrait avoir été captée n’importe où et n’importe quand. Qui se cache derrière cette peau métamorphosée ? Quel est ce corps qu’on ne saurait reconnaître ? Pourquoi nous inspire t-il un léger malaise ?

Ce soir, nous sommes déjà sur le chemin du retour. Nous arrivons à La Louvière, en Belgique. On raconte que le territoire actuel de la ville était une parcelle de l’ancienne forêt charbonnière, constituée de bois sombres et d’une nature sauvage, endroit de prédilection pour les loups.

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