Bruno Saulay
Sculpter l’équilibre
Le travail de Bruno Saulay, Expériences n°7, semble fonctionner comme un éco-système. Au centre du projet, une sculpture « à construire », un objet multi-facettes en hêtre contreplaqué. Par ses courbes tournoyantes, sa forme évoque une rosace. Selon un principe d’assemblage, chacun peut s’approprier cet ensemble en emboîtant les éléments en bois afin de constituer une assise amovible.
La sculpture est déposée au sol. Alors, on prend place, on se positionne sur la surface plane, on cherche un point d’ancrage unique : le nôtre. L’objet se balance, jusqu’à s’immobiliser totalement sous l’influence de la répartition du poids de notre corps. Il n’est ni un socle, ni une sculpture tout à fait. Il reste toujours malléable, puisque chacun peut choisir sa manière d’être confortable à son contact.
La sculpture devient l’outil qui nous permet de nous recentrer, d’aligner notre colonne vertébrale et d’écouter attentivement notre respiration. Elle se prolonge et co-existe avec la présence humaine. Comme au cours d’un jeu d’enfants composé de fragments disparates à élever ensemble, notre intuition nous guide dans la finalisation du projet de Bruno Saulay.
L’artiste, qui a longtemps travaillé selon un principe de répétition pour constituer un répertoire de formes, propose aujourd’hui l’appropriation par tous de ce nouveau projet qui donne parfois lieu à des rencontres, à des ateliers ou à des performances. Expériences n°7 prend alors corps par le langage et l’échange collectif. Cette démarche révèle une dimension artistique et méditative tout à la fois. Elle rappelle les procédés du design et s’en éloigne pourtant, en dessinant les contours d’une architecture spirituelle vouée à se déployer à l’extérieur et à différentes échelles.
Elise Girardot, septembre 2020